Le Feng Shui est un art ancestral qui étudie l’environnement et son impact sur l’être humain. Plus concrètement, il s’agit d’un ensemble de méthodes et de techniques qui permettent d’agencer un lieu de façon à harmoniser les flux d’énergie.
Depuis plusieurs mois, je publie dans le blog des articles vous présentant en détail les différents principes fondamentaux définissant le Feng Shui. Je vous propose aujourd’hui d’en faire une synthèse pour que vous en ayez une vue d’ensemble. Si une notion vous interpelle, n’hésitez pas à suivre le lien vers l’article détaillé pour obtenir davantage d’informations.
Bonne lecture !
Le Feng Shui, un art millénaire
Au tout début de l’histoire, il y 6000 ans, on pratiquait le Feng Shui Yin : il ne concernait pas les vivants mais les morts. En effet, il permettait de trouver l’emplacement idéal des sépultures et des cimetières. Les maîtres Feng Shui ne servaient pas le commun des mortels. Seul l’empereur, la famille impériale, l’élite et l’aristocratie pouvaient les consulter. C’était un art secret, dont la transmission était extrêmement réglementée. Malheur au maître Feng Shui qui avait désobéi et aidé les gens ordinaires, il risquait l’exécution ! Quelle chance avez-vous aujourd’hui de n’avoir qu’à prendre contact avec moi pour expertiser votre habitat 🙂
Peu à peu, ce savoir, issu de très nombreuses observations réalisées par les peuples primitifs (habitats protégés des inondations, des vents violents, des bêtes sauvages, mais accédant facilement à l’eau et à la nourriture) s’est développé afin d’intégrer des notions un peu plus abstraites : l’influence des étoiles, de l’orientation, de la nature, de la temporalité… Dans le même temps, la pratique du Feng Shui s’est élargie aux espaces de vie.
Lors de la chute du système impérial, conséquence ultime de la révolution chinoise de 1911, les maîtres Feng Shui se sont trouvés sans employeur ! Il a bien fallu qu’ils renouvèlent leur clientèle, en proposant notamment leurs services aux hommes d’affaires. Malheureusement, avec l’arrivée de Mao et de la proclamation de la République Populaire de Chine (1949), le Feng Shui est peu à peu découragé puis banni. Considéré comme une pratique ésotérique, il fuit la Chine et de nombreux maîtres trouvent refuge à Hong Kong, à Singapour, en Malaisie, à Taiwan et même aux Etats-Unis.
Aujourd’hui, en Asie, le Feng Shui (à prononcer fong tchoué) est entré dans le quotidien d’un grand nombre de personnes. Il est librement enseigné dans les écoles, et commence à faire son grand retour dans son pays d’origine. Il a également gagné l’Occident, parfois entouré d’un certain mysticisme. Pour le rendre accessible, certains principes ont été simplifiés à l’extrême, ce qui a généré des incompréhensions et des méthodologies trompeuses faisant croire aux miracles. Mais ça, c’est une autre histoire…
Le Feng Shui trouve ses origines dans les principes du Tao : énergie vitale, équilibre entre le yin et le yang, cycles des 5 éléments… Regardons-les en détail.
Le Chi
La notion de Chi est vraiment à la base de toute analyse Feng Shui. C’est le souffle vital qui est au cœur des choses et des êtres, et qui est à l’origine de toute vie. Lorsque l’expert Feng Shui souhaite harmoniser les énergies, ce qu’il fait en réalité c’est d’identifier la qualité du Chi, et également la façon dont il circule dans l’environnement. Le Chi est en mouvement perpétuel. Il peut être influencé par le paysage, mais aussi, à l’intérieur de nos habitats, par l’agencement des meubles ou l’orientation magnétique des pièces.
Comme indiqué dans mon article sur le Chi, il y a principalement 2 types de Chi :
- le « gentil », celui qui n’amène que des énergies positives, le Chi de croissance : le sheng chi
- le moins sympa, qui agresse nos sens, le Chi « tueur » : le shar chi
Mais on peut ajouter :
- wang chi : le chi vibrant, prospère
- tui chi : le chi affaiblissant, léthargique
- le si chi : le shi stagnant
Par exemple, un maître Feng Shui se servira du diagramme des étoiles volantes de l’habitat pour déterminer où se situe le wang chi, le secteur de la prospérité.
Pour terminer, je lis en ce moment « L’énergie des chakras. » de Susan Shumsky, et lorsque j’ai lu sa définition du « prâna », je me suis dit que c’était aussi une jolie façon de décrire le Chi .
« Le prâna est le médium à travers lequel la conscience s’exprime en une myriade de formes de vie dans tout le cosmos. C’est une énergie pure, universelle et primaire, qui donne vie à la matière — le pouvoir présent en toutes choses, animées et inanimées. [] « Le prâna est dans l’air, mais ce n’est pas l’oxygène ou tout autre constituant physique de l’air. Il est dans chaque particule de la création, mais ce n’est pas une particule. Le prâna est entièrement immatériel. [] Le prâna est l’énergie universelle qui insuffle la vie à la matière. C’est une énergie puissante, informe et omniprésente, qui soutient à la fois les individus vivants et l’ordre cosmique — le pouvoir dans tout ce qui est animé et inanimé. Le prâna individuel est le principe de vie fondamental à toute vie animée. Le prâna cosmique est une énergie universelle qui unifie le vivant et le non-vivant en un tout coordonné. »
Le Yin et le Yang
Quand on parle de yin et de yang, tout le monde a en tête le fameux symbole, cercle enfermant une virgule noire contenant un point blanc et une virgule blanche contenant un point noir. L’équilibre yin et yang en feng shui est fondamental. Dans mon article détaillé, je vous explique comment on est passé du Wuji au Taiji, et surtout en quoi ce symbole est puissant.
Le Yin et le Yang représentent les deux forces, opposées, du chi de l’univers. Il y a dualité : dans tout yang, il y a du yin et vice versa. Ils sont les deux aspects de toute chose. Toute chose recherche l’équilibre de ces deux forces pour trouver l’harmonie. L’expert Feng Shui va donc chercher à atteindre cet équilibre, là se trouve la perfection.
Le yang représente notamment le masculin, le ciel, la chaleur, le mouvement, le solide, la polarité positive, l’extérieur, le visible…
Le yin représente entre autres le féminin, la terre, la lune, le froid, le calme, l’obscur, la polarité négative, l’intérieur, l’invisible…
En Feng Shui, ces deux forces sont observées dans l’environnement (l’eau est yang, la montagne est yin) comme à l’intérieur des maisons (un couloir long et obscur est yin, une pièce très éclairée est yang). Une pièce est réputée yin (chambre) ou yang (séjour), On va donc chercher à accorder l’énergie en fonction de la fonction de chaque pièce : les énergies yin sont exploitées pour les activités ou les zones yin, et vice versa.
Les objets sont également « classés » yin/yang de par leur nature : télé, ordinateur, lampe halogène… sont plutôt yang. Leur usage n’est donc pas recommandé dans les endroits yin.
Par exemple, cela explique pourquoi on recommande de ne pas mettre de télé ou d’ordinateur dans une chambre. C’est une pièce qui doit rester yin pour favoriser le repos.
Le Bagua et les 8 trigrammes
Le Bagua (ou Pakua) est un modèle mathématique au cœur de la métaphysique chinoise et du Feng Shui traditionnel. Dans mon article sur les 8 trigrammes, je fais le lien avec le modèle binaire informatique.
Les 8 trigrammes sont des symboles constitués de traits : le masculin Yang est représenté avec une ligne continue. Le féminin Yin est représentée avec une ligne discontinue. Nous l’avons vu, le taiji donne le yin et le yang. En ajoutant un niveau, on peut soit ajouter une ligne yang soit une ligne yin, ce qui peut donc produire 4 paires différentes, ou bigrammes. Puis, on ajoute une troisième ligne, soit yin, soit yang, à chacun de ces 4 bigrammes. On obtient ainsi 8 symboles, les 8 trigrammes. Chaque trigramme représente ainsi un modèle de mouvement et de changement.
Le bagua est, avec la boussole, l’outil indispensable de l’expert Feng Shui. Avec une seule représentation, on combine les notions de directions cardinales, de yin et de yang, d’éléments (voir le paragraphe suivant), de numérologie, de saison et de trigrammes. Il permet d’identifier les caractéristiques de chaque zone et ainsi de mettre au jour des problèmes éventuels et surtout leur solution.
Les 8 trigrammes sont comme une famille et ont chacun une personnalité différente : Qian le créatif, dont l’élément est le grand métal, représente le père, l’époux. La mère, quant à elle, se retrouve dans le trigramme Kun le réceptif. Son élément est la grande terre. Les trigrammes sont également liés à une multitude de phénomènes car ce sont les symboles représentant les phases transitoires de toutes les situations possibles, qu’elles soient relatives à la nature ou à l’homme : on les associe ainsi aux saisons, aux couleurs, aux animaux, aux organes (de ce fait, ils sont aussi présents en médecine chinoise)…
Concrètement, poser le bagua sur le plan d’une maison permet à l’expert Feng Shui de déterminer les caractéristiques des secteurs (Nord, Nord-Ouest, Ouest…) et ainsi de définir les agencements appropriés. De plus, comme chaque trigramme est associé à un chiffre, la signification de ce trigramme est également applicable à ce chiffre : c’est ce qui permet l’analyse des étoiles volantes (où les chiffres représentent les différentes énergies).
Les 5 éléments
Pour les Chinois, les 5 éléments sont 5 types de Chi mais également 5 phases de cette énergie : le métal, le bois, l’eau, le feu et la terre. Ils forment les composants de base de toutes les matières. A partir de la substance naturelle, on définit une propriété dynamique qui sert ensuite à catégoriser les objets, les phénomènes, les saisons, la météo, les goûts, les organes, les émotions…
Ce principe, appelé Wu Xing, est issu, comme pour les autres principes, d’un long travail d’observations réalisé par les anciens.
Dans mon article sur les 5 éléments chinois, vous verrez que les 5 éléments ne sont pas seulement liés à des éléments physiques. Ils sont également associés à des évènements, des sentiments, des goûts… à des questions plus abstraites. Selon cette théorie, tout peut être classé selon ces 5 éléments. Ils sont donc les composants essentiels de toute vie, et également étroitement liés aux notions expliquées précédemment. C’est pourquoi tout peut être combiné au sein du Bagua.
Chaque phase interagit avec les autres éléments. Ces interactions ont été étudiées et on distingue 3 cycles :
- le cycle de production
- le cycle de destruction
- le cycle de contrôle
Le cycle de production est un mouvement harmonieux où chaque élément donne naissance à l’élément suivant et le renforce. On appelle cette relation la relation mère-enfant : chaque élément est le fils de la phase qui le produit et la mère de la phase qu’elle produit.
Le cycle de destruction est aussi appelé cycle de domination. C’est un cycle de déséquilibre où chaque élément affaiblit voire détruit l’élément suivant (même si, techniquement, l’énergie ne peut pas être véritablement détruite).
Enfin dans le cycle de contrôle, parfois appelé le cycle d’affaiblissement, chaque élément réduit le pouvoir de l’élément suivant. On voit sur le shéma qu’il tourne en fait dans le sens inverse du cycle de naissance.
Revenons au Pakua posé sur le plan : en plus des secteurs définis en fonction des orientations cardinales et des trigrammes, nous pouvons ajouter les caractéristiques des différents éléments.
Par exemple, l’élément d’une cuisine située à l’Est sera le Bois. On pourra donc nourrir cette zone en lui apportant du bois, qu’il s’agisse de la matière (meubles en bois, table en bois, paniers en osier…) ou de la couleur (du marron, du vert…). On évitera aussi d’y placer la phase métal, qui détruit le bois.
Le chiffre Kua (ou Ming Gua)
La dernière notion de base indispensable à toute expertise feng shui se rapproche davantage du monde de l’astrologie. Le chiffre Kua ou encore le Ming Gua est un chiffre dérivé de l’année de naissance. Ming signifie «vie». Gua signifie «trigramme».
Le Ming Gua est donc le trigramme Ba Gua de la vie d’un individu. Il est exprimé en chiffre.
Pour connaître la formule de calcul, je vous invite à lire mon article « le chiffre kua, c’est quoi ? ». Les hommes et les femmes ne partagent pas la même formule (encore cette histoire de yin, de yang et de polarité !).
Pourquoi est-il nécessaire en Feng Shui ? En Feng Shui, l’être humain est au cœur de la pratique, la personne reste toujours au centre du sujet : l’expert harmonise l’énergie dans le seul but d’améliorer la vie des habitants du lieu, de les aider à régler une problématique, de leur permettre d’être prospère… C’est d’ailleurs pour cela que tout commence par le remplissage d’un questionnaire détaillé rempli par chacun : l’expert doit connaître les aspirations et objectifs de chaque individu pour pouvoir donner des préconisations qui seront bénéfiques pour chacun. Pour qu’une expertise Feng Shui soit efficace et ait du sens, il faut savoir ce qu’on veut. Elle doit remplir des objectifs de vie.
Puisque le Ming Gua est, comme son nom l’indique, un chiffre… vous vous doutez bien que là encore, on va retrouver le lien chiffre/élément/trigrammes… De plus, chaque chiffre Kua a des orientations réputées favorables ou défavorables. Ainsi, quand le foyer est composé de plusieurs personnes, on essaiera d’affecter les chambres de façon à permettre à chaque dormeur de placer son lit dans une orientation favorable. De la même façon, on étudiera l’agencement du bureau, du canapé, de la cuisinière…
Pour l’école des étoiles volantes, l’analyse ira plus loin que les directions, on regardera aussi l’emplacement. Par exemple, une chambre étant une pièce yin, on s’attachera à repérer quelle est l’étoile de montagne. Si la chambre contient l’étoile la plus propice de la période actuelle, c’est-à-dire la 8, elle interagira de façon bénéfique, mais différemment en fonction des chiffres Kua : les personnes de Kua 2 ou 8, ayant le même élément terre, seront en harmonie ; les Kua 6 et 7 (metal) augmenteront leurs chances de réussite car la terre produit le métal, etc.
Le chiffre Kua n’a besoin que de l’année de naissance. Du coup, cela signifie que toutes les personnes de même sexe nées la même année (selon le calendrier chinois) auront le même chiffre Kua. Aussi, le Chiffre Kua ne suffit pas pour une pratique « divinatoire », il faut aller beaucoup plus loin, avec notamment l’étude des Quatre Piliers du Destin (Bazi), pour laquelle on ajoutera le mois, l’année et même l’heure de naissance.
La trinité cosmique
Pour compléter, il me semble important d’ajouter à la dimension astrologique déjà évoquée à travers le chiffre Kua, une autre notion : celle de la trinité cosmique.
En Chine, la réussite vient d’une combinaison de 3 facteurs : la chance liée au ciel, la chance liée à l’homme et la chance liée à la terre.
- La chance du ciel est celle qui nous est donnée à notre naissance (thème astrologique mais aussi sexe, environnement familial et social…). On ne peut rien y changer.
- La chance de l’homme est celle qu’il peut maîtriser, celle sur laquelle il peut agir par ses choix, ses actions, ses convictions et ses comportements (utilisation de son intelligence, compétences, sens relationnel, développement personnel…).
- Enfin, la chance de la terre est issue de l’environnement. C’est uniquement sur cette dernière que le Feng Shui peut agir, en créant un cadre de vie le plus favorable possible. Il ne constitue donc que 33% de l’équation du succès. Mais, comme nous sommes en résonnance avec nos habitats, favoriser notre environnement impactera favorablement la dimension « chance de l’homme » car nous aurons une santé meilleure, de belles relations, plus de persévérance et de détermination.
Ainsi, selon ces préceptes, nous pouvons agir sur les 2/3 de notre potentiel de destinée, via nos choix de vie, et via les lieux dans lesquels nous évoluons. La clé de la réussite, pour pouvoir saisir les opportunités générées par un environnement favorable, est d’avoir une attitude constructive et positive, de faire les modifications en conscience, en ayant bien en tête ses objectifs.
En conclusion
Définir le Feng Shui n’est pas chose aisé, d’autant plus que le terme est aujourd’hui galvaudé : je lis parfois, notamment sur le net, des aberrations étiquetées « agencements feng shui » qui me font bondir. Beaucoup croit savoir ce qu’est le Feng Shui et sont bien surpris quand on commence à expliquer les principes fondamentaux et l’approche qui peut être finalement assez complexe. Ce n’est pas pour rien si on parle d’expertise…
Dans cet article, nous avons vu les notions fondatrices. Elles forment le socle du savoir. Elles tissent le cadre de toute analyse Feng Shui. Mais chaque maison est unique, chacun a ses propres aspirations. Aussi, il n’y a pas de recette miracle qu’on pourrait simplement appliquer, aussi rigoureux qu’on soit. Pour que cela soit bénéfique, vraiment, il faut s’adapter à l’environnement, au plan, aux personnalités… bref, ajouter une forte part d’observation et d’intuition.
Le Feng Shui, lorsqu’il est opéré de façon traditionnelle et dans toutes ses dimensions, donnent des résultats tangibles. Il permet réellement de poser des fondations favorables pour la prospérité, la santé, les relations… Einstein avait compris que « tout est énergie ». Sans le nommer, il avait conscience du Chi. Dans son livre « Authentique Feng Shui », Joey Yap nous dit : « La philosophie du Feng Shui est réellement simple. Trouvez le bon Chi. Exploitez le bon Chi. Faites circuler le bon Chi. »
C’est un bon résumé !